La Vape : Un Allié Efficace pour Se Libérer du Tabac ?

By: jcvap.fr

Passer de la cigarette traditionnelle à la cigarette électronique représente une alternative de plus en plus plébiscitée par les fumeurs souhaitant réduire leur consommation de tabac ou arrêter complètement. Cette transition offre des bénéfices notables pour la santé, mais n’est pas sans soulever certaines questions. Décryptage d’une méthode qui fait ses preuves dans le sevrage tabagique.

Qu’est-ce que la cigarette électronique et comment fonctionne-t-elle ?

La cigarette électronique, également appelée vapoteuse ou e-cigarette, est un dispositif électronique composé d’une batterie, d’une résistance et d’un réservoir. Ce dernier contient un liquide (e-liquide) souvent aromatisé, disponible avec ou sans nicotine. Lors de l’utilisation, le liquide est chauffé par la résistance et se transforme en fines gouttelettes mélangées à l’air, produisant ce qu’on appelle communément de la vapeur.

Contrairement à la cigarette classique, la vapoteuse ne fonctionne pas par combustion. L’utilisateur évite ainsi d’inhaler une grande partie des substances toxiques libérées par la combustion du tabac, comme le monoxyde de carbone, les goudrons et des milliers d’autres produits chimiques nocifs.

Il existe aujourd’hui sur le marché français une multitude de modèles de vapoteuses et de liquides, avec des concentrations variables de nicotine (limitées à 20 mg/ml selon la réglementation européenne) ou des formulations à base de sels de nicotine, voire sans nicotine.

Les effets bénéfiques du passage à la vape pour les fumeurs

Un sondage BVA réalisé pour Kumulus Vape en 2024 a mis en évidence l’efficacité de la cigarette électronique comme moyen de sevrage tabagique. L’étude révèle que 55% des personnes interrogées affirment que la vape fait preuve d’efficacité dans le processus d’arrêt du tabac.

Les principaux bénéfices constatés par les anciens fumeurs passés à la vape sont :

  • Une amélioration significative du confort respiratoire dès les premières semaines
  • Le retour progressif du goût et de l’odorat, souvent altérés par le tabagisme
  • Des économies financières substantielles comparées à l’achat régulier de paquets de cigarettes
  • Une diminution des risques sanitaires liés à la combustion du tabac
  • Une réduction de l’odeur désagréable sur les vêtements, les cheveux et dans l’habitat

D’après les études scientifiques actuelles, la cigarette électronique serait 95% moins nocive que la cigarette traditionnelle. Cette différence majeure s’explique principalement par l’absence de combustion et donc des milliers de substances toxiques qui en découlent.

Olivier, 53 ans, témoigne : « Je suis passé de 60 cigarettes par jour à zéro grâce à la cigarette électronique. J’ai même récemment franchi une nouvelle étape en diminuant mon dosage de nicotine. Depuis 6 mois, je redécouvre chaque jour des senteurs et des odeurs que j’avais oubliées. »

La vape face aux méthodes traditionnelles de sevrage

Selon les données recueillies par Santé Publique France après le Mois sans tabac 2016, la cigarette électronique est de loin le produit le plus utilisé dans l’arrêt du tabac avec aide : 27% contre 18% pour les substituts nicotiniques et 10% pour le recours aux professionnels de santé.

L’agence estime qu’environ 700 000 fumeurs ont arrêté de fumer en 7 ans grâce à la cigarette électronique, seule ou en association avec d’autres aides.

Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine montre qu’il y a près de deux fois plus d’arrêt à un an avec la cigarette électronique qu’avec les substituts nicotiniques classiques (patchs, gommes, comprimés).

La Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) et la Société Francophone de Tabacologie (SFT) reconnaissent que « la cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer », tout en précisant qu’elle doit être utilisée de façon transitoire en vue de l’arrêt complet de la consommation tabagique.

Précautions et bonnes pratiques pour un vapotage sécurisé

Pour maximiser les bénéfices de la transition vers la vape tout en minimisant les risques potentiels, plusieurs recommandations s’imposent :

  1. Choisir des produits certifiés par l’AFNOR et se fournir auprès de magasins spécialisés
  2. Éviter de fumer et vapoter simultanément (le « vapofumage »), car cette pratique ne réduit pas significativement les risques liés au tabac
  3. Vérifier la conformité des produits : taux de nicotine inférieur à 20 mg/ml, étiquetage comportant les informations de sécurité, emballage avec fermeture sécurisée pour les enfants
  4. Ne pas fabriquer soi-même son liquide pour éviter les risques de composition inadaptée
  5. Signaler tout effet indésirable sur les plateformes dédiées comme signalement.social-sante.gouv.fr

Il est important de noter que certains utilisateurs peuvent ressentir des désagréments temporaires comme une toux ou une gorge irritée en début d’utilisation. Ces symptômes disparaissent généralement après quelques jours d’adaptation.

Les limites et controverses autour de la vape comme outil de sevrage

Malgré son efficacité apparente, la cigarette électronique fait encore l’objet de débats dans la communauté scientifique et médicale. Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a émis en janvier 2022 un avis nuancé qui a suscité des réactions variées parmi les spécialistes.

Selon le HCSP, « les bénéfices potentiels et les risques » de l’utilisation de la cigarette électronique « ne sont pas établis à ce jour » avec suffisamment de certitude scientifique. L’instance recommande que les professionnels de santé privilégient les traitements médicamenteux ayant prouvé leur efficacité, tout en reconnaissant que la vape peut représenter une aide pour certains consommateurs.

Cette position a été qualifiée de « schizophrène » par le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue et tabacologue reconnu, qui s’étonne qu’un produit puisse être considéré comme bon lorsqu’il est pris en automédication mais déconseillé lorsqu’il est recommandé par un médecin.

Les principales réserves concernant la vape comme outil de sevrage sont :

  • Le manque de données scientifiques robustes sur les effets à long terme
  • L’absence de statut médicamenteux et donc de contrôle aussi rigoureux que pour les médicaments
  • Le risque de maintien d’une dépendance à la nicotine sur le long terme
  • La persistance de certaines substances potentiellement nocives dans l’aérosol inhalé

Perspective d’avenir : vers une reconnaissance officielle ?

L’efficacité de la cigarette électronique dans l’aide au sevrage tabagique semble de plus en plus reconnue par la communauté médicale, même si des réserves subsistent quant à son utilisation à long terme.

En France, un essai clinique randomisé en double aveugle (essai ECsmoke) est en cours pour comparer l’efficacité de la cigarette électronique à celle de la varénicline, considérée comme le médicament le plus efficace en monothérapie pour arrêter de fumer. Les résultats de cette étude pourraient contribuer à une éventuelle validation officielle de la vape comme outil thérapeutique.

Le Dr Frédéric le Guillou, pneumologue-allergologue, tabacologue et président de l’association Santé respiratoire France, adopte une position pragmatique : « Avec les substituts nicotiniques, on ne répond pas à 75% des personnes en demande de sevrage tabagique. À partir du moment où un patient nous consulte et s’investit dans ce type de démarche, il est en droit de ne pas vouloir des substituts nicotiniques, dont on connaît les limites, et le professionnel devrait pouvoir lui proposer d’autres solutions. »

Face à l’enjeu majeur de santé publique que représente le tabagisme (environ 75 000 décès par an en France), la vape apparaît comme un outil complémentaire prometteur dans l’arsenal des méthodes de sevrage, à condition d’être utilisée dans une démarche globale visant l’arrêt définitif de toute forme de dépendance nicotinique.